Une loi en cours d’adoption dans l’État de la Silicon Valley vise à interdire toute discrimination fondée sur les castes. Les associations communautaires disent qu’on jette injustement l’opprobre sur les hindous, qui sont des Américains exemplaires. Cette affaire révèle un fossé philosophique et cosmologique profond et met à l’épreuve une certaine compréhension de la diversité.

La scène est fictive, mais malheureusement plausible. Dans une grande compagnie de la Silicon Valley, deux ingénieurs d’origine indienne travaillent sur un projet ; leur collègue les invite à déjeuner ensemble mais l’un d’entre eux refuse : brahmane – donc de haute caste –, il ne peut pas partager un repas avec l’autre, qui est de basse caste ou, pire encore à ses yeux, dalit, c’est-à-dire intouchable. Le collègue occidental ne comprendra sans doute pas la raison de ce refus, n’imaginant pas que les catégories de pur et d’impur dans la plus ancienne des grandes religions, l’hindouisme, puissent avoir des incidences dans la tech, le secteur le plus moderne de l’économie mondiale.

Pourtant, les cas doivent être suffisamment nombreux et préoccupants pour que le Sénat de Californie ait voté le 11 mai 2023, à une écrasante majorité, l’interdiction des discriminations fondées sur les castes. Si la loi SB 403 va à son terme, la Californie deviendra le premier État américain à protéger ses citoyens victimes de ce système hiérarchique à fondement religieux qui caractérise la civilisation de l’Inde. Cette législation ne sort pas de nulle part : en 2020, l’État de Californie avait poursuivi en justice Cisco System, un géant de la tech, à la suite d’une plainte pour discrimination du fait de la caste ; en mars 2023, la ville de Seattle a été la première à adopter une loi de même nature.

 

Une diaspora « exemplaire »

Le système des castes, particularisme ancestral, est une affaire d’hindous, me direz-vous. Les castes sont d’ailleurs interdites en Inde depuis 1950 et des mécanismes de discrimination positive ont été instaurés en faveur des basses castes et des intouchables (hors-castes). Alors, en quoi cette affaire californienne devrait-elle nous intéresser ? La première raison en est que la diaspora indienne est nombreuse en Occident, non seulement aux États-Unis (4,5 millions de personnes, dont la vice-présidente Kamala Harris) et au Royaume-Uni (1,8 million, dont le Premier ministre Rishi Sunak), mais aussi en France (près de 500 000, dont 300 000 à La Réunion).

Cette diaspora se veut…

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