“Les conflits offrent de précieuses opportunités de changer”

Propos recueillis par Apolline Guillot.

Au travail, les maîtres mots sont la bienveillance et la communication non violente... Pourquoi a-t-on tellement peur de se dire les choses ? 

Maxime Rovere  : Ces mots sont à la mode, mais la réalité des entreprises continue d’être la même qu’avant : les rigidités hiérarchiques rendent la bienveillance inopérante et les jalousies transforment la communication non violente en hypocrisie. Croire que des innovations récentes sont devenues de nouvelles normes, c’est faire la même erreur que Barack Obama lorsqu’il disait que les agressions militaires de Vladimir Poutine n’avaient pas leur place au XXI^e siècle : nous ne valons pas mieux que nos ancêtres, notre époque est violente dans l’entreprise comme dans la géopolitique.

Les problèmes de communication doivent donc être abordés simultanément à toutes les échelles – autant dans les grands groupes que dans les petites entreprises, entre deux individus ou entre deux services. Cela impose de dépasser l’interprétation psychologisante, comme s’il y avait une peur vécue seulement à l’échelle individuelle. En effet, une très grande majorité des conflits n’a été désirée par personne, même si les acteurs s’obstinent presque toujours et aggravent leurs oppositions.

Dans cette perspective, comment définiriez-vous un comportement passif-agressif ? Que dit-il de nous – et est-il moins pire qu’un conflit ouvert ? 

L’agressivité a un très vaste répertoire d’expressions. L’agressivité standard s’exprime par un ton cassant, une forte intensité de voix, des expressions corporelles menaçantes, bref, un ensemble de signes suggérant la violence. On désigne comme « passif-agressif » un comportement où ces signaux ne s’observent pas : l’agression peut tout aussi bien mobiliser l’ironie, la care…