Iels sont trans, queer, non binaires ou genderfluid, et à vrai dire, vous n’y comprenez pas grand-chose. Quand vous les croisez au bureau ou en rendez-vous, vous avez toujours peur de faire un faux-pas… Marre d’être à la masse ? Envie de comprendre un peu mieux ce qui se cache derrière ce vocable qui vous semble hermétique ? Ce glossaire philosophique est fait pour vous !

Retrouvez ici la première partie de notre glossaire.

 

Queer

L’open space est depuis ce matin le théâtre d’une grande confusion. Il se trouve que votre collègue Rachel, qui est une femme transgenre, n’a pas goûté d’être qualifiée de « queer » par votre consœur Charlotte, qui s’y connaît pourtant bien en problématiques LGBT+. 

C’est que l’expression « queer », à l’origine utilisée pour qualifier quelque chose d’étrange, de bizarre, a été utilisée pendant un temps comme une insulte homophobe. Mais peu à peu, les personnes visées se sont réapproprié ce terme, opérant ainsi une sorte de retournement du stigmate. Il s’est alors mis à désigner l’ensemble des minorités sexuelles et de genre, soit les personnes ne se reconnaissant pas dans l’hétérosexualité et/ou estimant que le genre qui leur a été attribué à la naissance (féminin ou masculin) ne correspond pas à leur identité. On doit la première utilisation académique de ce terme à l’universitaire italienne Teresa de Lauretis, en 1991, dans la revue féministe Differences. Il s’agissait de trouver un terme différent de celui de « gay and lesbian », en vogue à cette époque mais passe-partout et invisibilisant à ses yeux. L’idée était donc d’élargir le spectre des minorités.

Peu à peu, le terme a porté dans son sillage l’idée d’une « subversion du genre », notamment présente chez la philosophe Judith Butler dans Trouble dans le genre (La Découverte, 2005). Il a pu servir à désigner des pratiques brouillant les limites de ce qui relève du masculin, du féminin ou de la frontière entre les deux – y compris dans une perspective esthétique et pas forcément politisée. Ainsi se développent aujourd’hui de nombreuses « soirées queer » où tout public bienveillant est le bienvenu, qu’il soit effectivement de la communauté LGBT+ ou pas du tout. Tous y trouvent une liberté de ton, d’habillement et d’expression.

 

“Le souci de soi implique toujours un choix dans le mode de vie”

—Michel Foucault

 

On peut rapprocher ces choix esthétiques de ce que Michel Foucault appelle le « souci de soi ». En prenant pour modèle les philosophes cyniques de l’Antiquité, pour qui la philosophie, loin d’être une simple théorie, était d’abord un art de vivre, Michel Foucault développe l’idée d’une « esthétique de l’existence ». Dans L’Usage des plaisirs, deuxième tome de son Histoire de la sexualité (Gallimard, 1984), il développe les « arts de l’existence » qui consistent en des « pratiques réflé…

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