À l’heure de la ménopause, une femme sur dix quitte son emploi à cause des symptômes, et trois sur dix réduisent leur temps de travail. Si certains symptômes handicapants peuvent justifier des aménagements spécifiques afin de protéger ces femmes, Apolline Guillot nous rappelle ici que l’imaginaire séculaire entourant la femme ménopausée peut expliquer une partie de ces discriminations. Pour les dépasser, il faudrait commencer par changer notre regard sur ces femmes expérimentées, qui vivent bien souvent ce moment de leur vie comme une libération.
Et si demain, chaque employeur était contraint d’aménager les horaires et les conditions de travail des femmes en pleine ménopause ? D’après un rapport publié en février 2024 au Royaume-Uni par un organisme indépendant britannique, la Equality and Human Rights Commission, c’est ce vers quoi toute entreprise devrait se diriger, sous peine d’être jugée discriminatoire. Les recommandations du rapport sont très claires : les employeurs qui ne procèdent pas à des « ajustements raisonnables » à destination des femmes traversant la ménopause devraient être poursuivis pour discrimination.
Dans un pays où se multiplient les procès à ce sujet, la décision était attendue. L’arrêt de l’ovulation et les symptômes qui y sont associés empêcherait la bonne tenue du travail au même titre qu’un handicap, et devrait donc être traité comme tel. Ne pas aménager le travail de ces femmes, ce serait les défavoriser.
À regarder les chiffres avancés par le rapport, difficile d’en douter. Pour les trois quarts des femmes britanniques de 40 à 60 ans qui font état de symptômes de la ménopause, cela va bien au-delà des traditionnelles bouffées de chaleur. 67 % déclarent avoir fait l’expérience de symptômes psychologiques (anxiété, dépression, troubles de l’humeur, problème de concentration), 66 % décrivent des problèmes de sommeil, et 64 % ressentent des douleurs musculaires. Trous de mémoire en réunion, sensation de « brouillard cérébral » (brain fog), vêtements devenus inconfortables, fatigue chronique… la liste des symptômes handicapants est longue.
“Une femme sur dix quitte son emploi à cause de la ménopause”
Pire encore : ces difficultés de santé physique et mentale viennent entamer durablement la perception que les femmes ont de leur propre travail. D’après une autre étude citée par le rapport, 61 % des femmes employées durant leur ménopause ont perdu leur motivation au travail à la suite de ces symptômes, et plus de la moitié témoignent d’une perte de confiance en elles. Résultat : une femme sur dix qui travaillait pendant sa ménopause a quitté son emploi pour cette raison et trois sur dix ont réduit leur temps de travail, voire sont passées à temps partiel. Dans ce contexte, on peut comprendre la volonté des pouvoirs publics d’intervenir pour obliger les entreprises à détecter les femmes présentant des symptômes handicapants, afin de les soutenir pendant cette période.
Ne pas crier victime trop tôt
Malgré tous ces désagréments, les femmes ont pourtant une vision plutôt positive de cette période de leur vie. D’après une étude menée en 2023 par la MGEN, 87 % vivent bien leur ménopause. Certes, la préménopause et l’entrée dans la ménopause (c’est-à-dire les moments où les symptômes sont souvent les plus gênants) sont un peu moins bien vécues – seules 66 % des femmes préménopausées disent « bien le vivre ». Mais par ailleurs, ce…
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