La Chine n’a pas besoin d’être en guerre pour faire la guerre économique. C’est l’avertissement que lance le docteur en sciences politiques Ali Laïdi dans son ouvrage La Chine ou le réveil du guerrier économique (Actes sud, 2023). Pour nous, il décrypte les stratégies d’intelligence économique et d’espionnage technologique dont la Chine use pour atteindre l’hégémonie.

Propos recueillis par Alexandre Jadin.

 

Dans votre livre La Chine ou le réveil du guerrier économique (Actes sud, 2023), vous expliquez comment la Chine s’est appuyée sur l’intelligence économique pour devenir une puissance majeure. Pouvez-vous rappeler ce qu’on entend par là ?

Ali Laïdi : L’intelligence économique consiste à rechercher et protéger des informations nécessaires à une entreprise ou à une administration. En France, le terme est apparu en 1994 dans un rapport du commissariat général au Plan. À dire vrai, ce sont des techniques utilisées par tous les États, mais la Chine en a fait un usage particulier pour rattraper son retard sur l’Occident.

En fait, on peut classifier l’information collectée par l’intelligence économique en trois grandes catégories. 80 % de l’information est dite « blanche » : elle est accessible en source ouverte pour tout le monde. Les 20 % de l’information restants nécessitent une activité spécifique : c’est le cœur de l’intelligence économique. Dedans, il y a l’information « grise » que l’on obtient de manière déloyale et l’information « noire » obtenue de manière illégale.

 

“En échange de l’ouverture de son marché, la Chine exige des transferts de technologie”

 

La Chine flirte, depuis la mort de Mao en 1976, entre le gris et le noir. Elle cesse alors de se voir comme l’atelier de l’Occident et souhaite le rattraper technologiquement. Et quand vous n’avez pas les chercheurs pour le faire, il vous reste l’option de la copie, avec l’intelligence économique comme moyen. En échange de l’ouverture de son marché, elle exige des transferts de technologie. Cette pratique « grise » et déloyale devient « noire » et illégale lorsque la Chine entre dans l’OMC [entrée en 2001 dans l’Organisation mondiale du commerce, ndlr]. Dans le cadre du libre-échange, vous ne pouvez pas conditionner l’installation d’une entreprise à un transfert de technologie.

 

Une illégalité qui n’a pas freiné les transferts, comme vous l’expliquez dans votre livre.

Oui, …

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