On a tous dans notre entourage professionnel un glandeur devenu maître dans l’art de ne pas se fouler tout en récoltant les lauriers du travail des autres. Pauline Elie dresse une petite typologie de ces fainéants du boulot. Et nous indique en quoi ces paresseux ont parfois des choses à nous enseigner…

La bouche en cœur, Jean-Bob fait défiler les slides du PowerPoint réalisé par vos soins : il ne comprend pas ce qu’il raconte mais les clients sont conquis. Dans son plus simple appareil, le glandeur nature fait mouche ! Il y a de quoi enrager devant ces collègues qui brassent de l’air et n’en tirent pas moins les lauriers. Jean-Bob ressort auréolé tandis que vous, qui avez passé la nuit à rectifier les marges, serrez les dents dans l’ombre : crasse injustice ! Devez-vous crier à la supercherie ? Pour gagner sa vie sans perdre son temps à cause des fainéants, levons le voile sur les multiples facettes de leur indolence. De la paresse à l’imposture : qu’expriment ces tempéraments de notre rapport au travail ? Bienvenue au bal des glandus !

 

La paresse à travers les âges

Sans doute Jean-Bob s’estime-t-il trop bien pour travailler. En cela, il s’accorderait avec la conception que les Anciens se faisaient du travail. Pour les Grecs, la theoria, la pensée libérée des contraintes matérielles, diffère du ponos, le travail pénible, ou de l’ergon, l’artisanat. Iôannès-Bobinos ne s’abaisserait pas à une corvée de secrétaire, enfin ! Pourtant, contrairement aux Grecs et aux Romains, le loir en costard ne lésine pas sur l’artifice pour feindre l’ouvrage. Il revêt fièrement l’habit de l’honnête travailleur : pourquoi cherche-t-il à vous piquer la vedette si votre œuvre de tâcheron est tant dépréciée ?

 

“Progressivement, le travail s’est imposé en valeur cardinale des sociétés occidentales”

 

Progressivement, le travail est revalorisé au point de s’imposer en valeur cardinale des sociétés occidentales. Au IVe siècle déjà, saint Augustin rapproche l’otium, ce temps libre savouré par les Romains, de la paresse et non des loisirs. Pour l’Église, la paresse est mère de tous les vices : usant leur vie au travail, les besogneux rejoignent Dieu, les paresseux, l’enfer. Jean-Bob ne l’emportera pas au paradis ! Sentez-vous l’esprit rédempteur gagner vos doigts tapant frénétiquement sur le clavier ?

Puis, comme le montre Dominique Méda dans Le Travail. Une valeur en voie de disparition (Aubier, 1995), dès le XVIIe siècle, l…

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