Trop courte, trop longue, trop tardive ou trop hâtive, mal employée, la pause au travail déçoit trop souvent, alors qu’elle devrait nous permettre de souffler un bon coup. Mais d’où vient cette impression récurrente qu’on a raté sa pause ? Et comment l’éviter ? Appelons donc quelques philosophes à la rescousse !

Tout part d’une fracture entre les faits et le droit. La pause, nous dit le Code du travail, s’oppose radicalement au travail effectif : « la durée du travail effectif est le temps pendant lequel le salarié est à la disposition de l’employeur et se conforme à ses directives sans pouvoir vaquer librement à ses occupations personnelles » (L3121-1). Par opposition, lorsque vous êtes en pause, vous êtes théoriquement libéré de votre travail. À ceci près que la pause au travail a lieu… au travail, ce qui restreint déjà largement la gamme des occupations personnelles possibles. Vous ne peindrez pas votre salon en rose fuchsia à distance et il n’est pas sûr que la répétition de votre solo de violon soit accueilli par des vivats dans l’open space. Et même si vous aviez un kit de dessin sous la main, auriez-vous vraiment la tête à passer du coq à l’âne – ou plutôt, d’un tableau Excel à vos natures mortes ?

Ainsi, cette conception de la pause où l’on s’adonnerait à des activités personnelles, achoppe sur sa mise en pratique. La déambulation solitaire dans les couloirs, la plongée immersive dans votre café, les monologues silencieux agrémentés de l’innocence du chant des oiseaux seront toujours brisés par des interruptions sauvages : « est-ce que j’ai pas envoyé la mauvaise pièce jointe à Jean-Mi ?!? » ; « je devrais proposer cette idée à la prochaine réunion » ; ou encore « encore rien fait aujourd’hui, je prends plein de retard ! ». 

 

Peut-on vraiment mettre le travail en pause ?

La pause méridienne n’échappe pas à la déception ponctuelle. Pourtant, elle est plus attendue et désirée que n’importe quelle autre. Un sondage BVA pour Sodexo/Toqla publié en avril 2023 nous apprend ainsi que la pause déjeuner est perçue comme importante par 85 % des salariés en présentiel et susceptible de produire une vraie déconnexion pour 77 % d’entre eux. 

 

“Si le travailleur consomme pour lui-même son temps disponible, il vole le capitaliste”

—Karl Marx

 

Mais si on y réfléchit bien, la pause méridienne fait à elle seule presque partie du travail, puisqu’elle y est nécessaire. Après tout, personne ne travaille le ventre vide ! D’où l’inquiétante étrangeté du titre-restaurant, sorte de zone de non-droit en régime de pause : l’entreprise vient flécher une partie de notre budget et de notre temps vers la consommation de nourriture censée nous rendre productif l’ap…

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