Gratuit, utile, pratique, le goodie est une petite friandise sans conséquence offerte pour fidéliser des clients ou marquer les esprits. Mais sous le tapis de ses bonnes intentions, cet objet devenu un incontournable de la stratégie publicitaire des entreprises dissimule pourtant une mécanique pernicieuse… Devons-nous vraiment accepter les goodies que l’on nous tend ?

Fouillez dans votre sac, et vous y trouverez sans aucun doute un stylo aux couleurs de votre mutuelle, une clé USB au nom d’une entreprise quelconque, ou encore un porte-clés Téléthon. Comme tout le monde, vous avez, à de multiples reprises, cédé aux sirènes des goodies. S’il est si difficile de dire non à un goodie, ce n’est pas parce qu’il est utile, mais parce qu’il est gratuit. Un gadget futile, que vous n’achèteriez pas de votre propre chef, mais qui, au fond… ne se refuse pas. Et c’est bien ça le problème !

 

Une gratuité cher payée

Derrière la gratuité apparente du cadeau, se cache une obligation implicite : un cadeau se paye toujours, d’une manière ou d’une autre. Dans son Essai sur le don (1925), le père de l’anthropologie française Marcel Mauss déduisait de l’observation des populations polynésiennes l'idée que tout don est travaillé de l’intérieur par une logique compensatoire. « Donner, c’est manifester sa supériorité, […] ; accepter sans rendre ou sans rendre plus, c’est se subordonner », écrit-il. Recevoir un don, c’est éprouver le pouvoir de celui qui nous offre ce don. Pour rétablir l’équilibre, celui qui reçoit va donner à son tour, ce que Mauss qualifie de « contre-don ».

 

“Le véritable récipiendaire de la gratuité du goodie, ce n’est pas celui qui les reçoit, c’est celui qui les donne”

 

Lorsque vous recevez un goodie gratuitement, vous activez cette logique compensatoire ! Votre perception de la marque change imperceptiblement à mesure que vous lui laissez occuper un certain espace physique dans votre vie quotidienne. Et qui sait ? Peut-être que d’ici quelques semaines, ce logo vous semblera plus familier, et vous vous laisserez tenter par un achat ! Si l’on suit Marcel Mauss, le véritable récipiendaire de la gratuité du goodie, ce n’est pas celui qui les reçoit, c’est celui qui les donne.

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