C’est une mesure qui permet de diminuer les inégalités femmes-hommes, d’améliorer la confiance et la fidélité aux entreprises, et qui séduit les candidats. Au premier abord, la transparence des salaires a tout pour elle. Malgré cela, nombre d’entreprises rechignent à s’y mettre. D’ici juin 2026, elles auront pourtant l’obligation de s’y plier. Pour comprendre ce qu’implique la transparence des salaires et pourquoi elle fait peur, allons voir du côté de ces boîtes qui ont sauté le pas.
Imaginez : votre salaire disponible en un clic de n’importe lequel de vos concitoyens – et donc de vos collègues ! – sur une plateforme centralisée. Des poils de curiosité (ou de frayeur) se hérissent ? Pourtant, c’est ce qui se passe en Norvège, où l'exigence de transparence est inscrite dans la Constitution depuis 1814. Ailleurs, le sujet des salaires reste sensible, quand il n’est pas carrément tabou. En 2022, seuls 52 % des Français sondés se disent à l’aise avec l’idée de parler de leur salaire avec leurs collègues, d’après un sondage YouGov pour talent.com.
Pas étonnant : discuter de salaires, c’est se confronter à une inégalité salariale qu’on suppose et qu’on redoute. Rien de plus désagréable que de constater que votre collègue de bureau – avec qui vous partagez pourtant chouquettes et chargeurs – gagne plus que vous… à travail égal. D’un autre côté, se taire revient à se livrer en pâture à l’imagination débridée des collègues. S’élabore alors une grille salariale imaginaire : « Antoine gagne plus qu’un ministre, tu te rends compte ? » Vous n’en savez rien, au fond, mais qu’importe ? La rancœur est là.
“64 % des salariés sont prêts à communiquer leur salaire dans le cadre d'une politique de transparence”
Une solution, pour couper court aux spéculations : instaurer une politique de transparence des salaires au sein de son entreprise. Dans ce cadre, le taux de salariés prêts à communiquer leur salaire à leurs collègues passe à 64 %, selon le même sondage YouGov. En clair, les salariés sont plus enclins à dévoiler leur salaire quand leurs collègues font de même ! Mais concrètement, comment se déploie une politique de transparence des salaires ? Quels obstacles rencontrent les entreprises qui s’y risquent, et quels bénéfices en tirent-elles ? Et quelles sont les limites de cette politique ? Nous sommes allés à la rencontre de sociétés qui en avaient fait l’expérience.
Pas de transparence sans cohérence
Le rêve de la transparence n’a pas attendu le XXIe siècle pour entrer en entreprise. Ainsi, suite aux événements de mai 1968, l’entreprise Thermador (spécialisée dans la distribution d’accessoires de chauffage) a été fondée avec pour principe cardinal la transparence des salaires. Concrètement, nous explique son actuel PDG Guillaume Robin, « une fois par an, la traditionnelle réunion mensuelle sur la situation économique de l’entreprise inscrit à l’ordre du jour la transparence des salaires. Sur un écran sont projetés la rémunération fixe ainsi que le package annuel de chaque salarié, à côté de son nom ». Réparties au sein des différentes filiales de l’entreprise, qui compte 771 salariés, ces réunions se tiennent à huis clos : « Ni photographie, ni diffusion possible : la transparence doit rester interne à l’entreprise et ne doit pas devenir publique, certains salariés y étant opposés. »
“Pour éviter un choc de la transparence, il faut avoir développé un équilibre de cohérence dans ses salaires en amont”
Cette transparence ne risque-t-elle pas d’attiser les rancœurs en tout genre ? Ce n’est pas pour rien qu’en Finlande, le 1er novembre, jour à partir duquel les salaires de tous les citoyens sont accessibles à tous pendant une semaine, a été rebaptisé « journée nationale de la jalousie »… Pour éviter un …
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